Cher Lucie, Il faisait froid ce jour là, en tout cas moi j'avais froid... Mais toi, tu avais un tel sourire et une telle envie d'aller te jeter sur les tas de feuilles mortes que notre grand père avais amassés que tu ne le sentait même pas, le froid. Moi, j'était perdue. C'est la que Jonas est arrivé et vous avez mis a exécution votre sinistre projet; bientôt il ne restait plus une seule monticule de feuilles. Bah, je m'en fichait, moi, au moins, je ne me ferais pas gronder. Je savais que tu étais proche de Jonas mais je ne le supportait pas; j'était sans doute un peu jalouse. En même temps j'était heureuse d'avoir des amis comme vous. C'était amusant de faire des nuages blancs avec notre souffle, de courir après les pigeons quand on faisait un tour a Paris pour visiter la chocolaterie de Mamie... On aurait pu passer un automne parfait, entre les allées venues de Jonas pour nous voir et les délicieux pot-au-feu que l'on mangeait le soir, quand il faisait froid. Si seulement il n'y avait pas eu... Mo. Moi, j'en fais encore des cauchemars, de Mo.

Mo... Je crois que tu était tombée sous son charme Lucy, enfin nous n'avions que 10 ans à l'époque. Il est arrivé un soir, ton cousin éloigné, paraît-il. Mais tu ne le connaissait pas, il avait seulement une lettre. Nous n'avions pas eu le droit de la lire, Papi nous l'avait interdit. En tout cas, Mamie avait eu l'air effondrée après l'avoir lue. Donc, il s'est installé chez nous. Il ne disait rien, tu lui jetais des coups d'oeil en cachette très souvent, ça me faisait rire. tu n'étais pas très discrète et ça ne m'aurait pas étonnée que Mo ai remarqué ton petit manège. Après tout, ce n'était que le début. Pourtant, j'avais le pressentiment qu'il allait se passer quelque chose, quelque chose qui allait me marquer, aussi bien que toi d'ailleurs. En tout cas, ma chère lucy, maintenant, tu dois t'en souvenir... c'est douloureux mais ça devais arriver. 

Chère Lucie, c'était arrivé. Ça devait arriver... ce n'était pas de ma faute. J'avais juste refuser de me balader avec lui, sans toi, qui était allée aider Papi, ça n'aurait pas été amusant. Non pas du tout amusant. Mais, Mo s'était blessé, à la tête... ça pissait le sang, enfin... moi ce n'est pas ça qui m'a le plus choqué, c'était ce qu'il avait dans la main...un cou...teau...

Qu'est ce que c'était... il avait l'air fou. Il m'a regardé, et il m'a dit:

—de ta faute

3 mots.

3 mots qui ne m'ont fait aucun effet.

Mais à toi, si. Lucy. Tu était derrière moi. Tu étais blanche comme un linge. Tu as bafouillé que tu ne savais pas ce que tu faisais, que tu ne comprenais pas. C'est comme ça qu'il s'est achevé cet automne...

triste et morne.

Très chère Lucy, on avait passé de très bons moment tous ensemble... Tu te rappelles quand Jonas a recraché tout son lait par le nez, ou quand Mo a avalé un lézard! À ce moment là, tu était tellement morte de rire que tu n'arrivais plus à parler. C'était ces bons moments là que j'aimais. Pas ceux où Mo partait à l'hôpital. Il n'était pas très bavard, mais toi tu l'aimais, et j'avais appris à l'apprécier. ça ne pouvait pas se finir sur des adieux.

NON.

Mais on ne l'a plus jamais revu.

Mo.

Très Chère Lucy, c'est sans rancune que je le dis, mais je m'en fiche de Mo, moi je voudrait juste repasser un automne avec toi. Pour rattrapper notre erreur.

C'est mort.

Tu peux me répondre clairement.

C'esst mort.

Chère Lucy, passe un bon automne.